31 janvier 2012

Oh Manu!

Lu récemment:

&


En fait, ces deux histoires ne sont pas si éloignées l'une de l'autre. On plonge à chaque fois dans l'esprit relativement dérangé d'un personnage. Certes, dans le premier cas, le personnage est fictif et schizophrène, pensant que personne ne remarque qu'il a coupé sa moustache qu'il porte pourtant depuis plusieurs décennies. Dans "L'adversaire", le tableau est plus difficile: on suit la double-vie du "docteur" Romand, absolument pas docteur, qui mentit à ton son entourage pendant de nombreuses années avant d'assassiner toute sa famille, et notamment ses enfants et sa femme.

"La Moustache" nous plonge dans le doute. Au fur et à mesure des pages, on a l'impression terrible qu'il serait si aisé de rendre n'importe qui fou, niant les évidences, non sans l'aide de complices. Lorsque la paranoïa s'installe fortement, les craintes de plus en plus violentes, on comprends que notre moustachu est bien celui qui affabule et invente. Si certains passages sont parfois un peu longs, j'ai bien aimé ce petit bouquin, notamment la tournure qu'il prend sur le dernier tiers...

"L'adversaire" nous fait tenter de comprendre ce qu'il a pu se passer dans la tête de Jean-Claude Romand pour en arriver là où il est (en prison). Depuis examen de deuxième année de médecine raté pour un incident médical, cet homme fera croire à tout le monde qu'il est médecin à l'OMS et un éminent citoyen de sa région. Carrère a mené un enquête discrète, suivi le procès et est entré en contacte avec Romand pour nous écrire son bouquin, mêlant cette histoire et parfois, sa trajectoire personnelle (ce que j’avais déjà aimé dans "Limonov").

Deux romans adaptés au ciné. Je n'ai vu aucun des deux films mais cela ne devrait pas durer.

30 janvier 2012

Le Susucre A Son Pépère!

Vu la semaine dernière:


"Les médias se proclament "contre-pouvoir". Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations pré-mâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.
En 1932, l’écrivain Paul Nizan publiait Les chiens de garde pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en véritables gardiens de l’ordre établi.
Aujourd’hui, les chiens de garde sont journalistes, éditorialistes, experts médiatiques, ouvertement devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE dénonce cette presse qui, se revendiquant indépendante, objective et pluraliste, se prétend contre-pouvoir démocratique. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d'une information produite par des grands groupes industriels du Cac40 et pervertie en marchandise."

Ce documentaire est vraiment à voir. Et bien entendu diffusé à Lyon uniquement au CNP Terreaux. On y voit tous nos journalistes stars et autres experts en tout, qui nous font un manège magnifique entre chaînes TV, stations de radio, blogs, hebdomadaires ou journaux quotidiens. Toujours les mêmes. Autour des trois piliers "Indépendance", "Objectivité" et "Pluralisme", ce doc contrecarre avec une très belle ironie les affirmations de toutes ces personnes comme quoi le temps du Ministère de l'Information est bien loin. Indépendance vis à vis des grandes compagnies de presse? Objectivité quand tous ces experts siègent également au CA de nombreuses entreprises et banques (marrant d'ailleurs que n'apparaissent, lors des émissions auxquelles ils participent, uniquement leurs titres universitaires)? Pluralisme alors que les économistes et autres experts sont toujours les mêmes (et tous porteurs de l'idéologie dominante (l'Europe, on fait comme on a dit, L'Etat, on diminue jusqu'à peau de chagrin, etc...))?

En vrac, vous verrez Michel Field passer de la tentation de la lutte armée à la présentation d'un meeting UMP. Lagardère reprendre Drucker de volée quand celui-ci affirme trop haut que l'on ne peut passer une journée sans une publication de son groupe (un monopole oui, mais discret que diable). Joffrin poser une question d'une minute et quatre seconde au président Chirac, question d'une impertinence crasse et pleine de circonvolutions, tellement condescendante que Chichi affirmera même "Mais non M. Joffrin, votre question ne me gêne pas du tout". Pour finir, Alain Minc (vous savez cet économiste expert qui dès qu'il a tenté de diriger soi-même une entreprise s'est planté royalement) affirmer quelques jours avant le crack boursier récent que le système était solide, ou encore une fois la crise lancée, que celle-ci allait s'arrêter car le système avait une capacité d'adaptation incroyable (alors qu'elle allait quelques jours après empirer). Bref, ça fait réfléchir, ça dégoûte aussi, et ça m'a enfin décidé à m'abonner au canard. Coin coin!

27 janvier 2012

Dans Les Caves De L'Oncle Chew - Volume Numéro Treize

Bon, ça faisait un petit moment alors revoici avec une nouvelle compile l'Oncle Chew avec une nouvelle compiles pour vos pavillons. Pas d'artistes en particulier ni de thème vraiment défini. J'étais parti sur un espèce de truc super varié et puis je me suis finalement orienté vers des sons plutôt posés, que ce soit de la soul, du reggae, du jazz ou du reste. Comme le titre l'indique, des smootheries en tous genres, qui doivent vous poussez à aller fouiner plus loin si vous ne connaissez pas mais appréciez les artistes qui y figurent.



De tout donc, mais une ligne de conduite: pas de brusquerie inutile. Appréciez donc cette gâterie. Je reviendrai dès que possible avec probablement un autre volume de sélections africaines, mais qui sait, peut-être pas. Hésitez pas à mettre un mot ici ou sur Facebook, ça fait toujours plaisir. Rien qu'un petit pouce levé, merde...

Le tout se télécharge en cliquant ici. Pace.

PS: Pour rappel, voici les covers des précédents volumes (il commence à y en avoir quelques-uns...). Ils ne sont probablement plus en ligne alors si vous voulez les télécharger, dîtes moi lesquels et j'upload tout ça le plus vite possible.













Ca tue

Retrouvé derrière une pochette de vieux vinyle:

Hadopi 1.0.

26 janvier 2012

Hoover

Vu dimanche:


Bon alors déjà, on est loin de Clint à son meilleur niveau. Peu d'émotions dans ce film qui manque singulièrement de puissance. Loin d'être ennuyeux, le film est un peu plat et manque de moments clés à mon sens. Pas que je veuille du suspense à tout prix, mais on nous déroule la vie politique de Hoover (un bel enculé (avec qui Eastwood doit être d'accord sur plusieurs points), le film a au moins le mérite de ne pas le cacher) sans entrer dans les détails, à part peut-être sur l'affaire Lindberg. On survole ce côté là pour plonger dans sa vie privé. Le problème c'est que l'amour de la mère et l'homosexualité entre vieux, ce n'est pas très passionnant et loin d'être séduisant. Cela rabaisse encore ce personnage. Quelques scènes vers la fin sont assez gênantes (si vous n'avez pas vu le film et compter y aller, ne lisez pas la suite). La robe et le collier enfilés devant le miroir à la mort de sa mère m'a laissé pantois... Les égrènements de notes de piano lacrymogènes de la fin sont aussi largement de trop et sonnent faux, comme le tremblement de son secrétaire vieillissant d'ailleurs).

Bref, le film n'est pas désagréable mais laisse un goût d'inachevé, une impression de cul entre deux chaises. On aurait préféré soit une concentration sur le domaine politique afin de mieux saisir la dimension publique et l'influence gigantesque du personnage, ou alors quelque chose d'un peu plus engagé sur sa vie privée. Mais après tout, celle-ci était peut-être aussi plate que décrite dans le film, qui sait... Pour ceux qui s'intéresse au personnage, une bio romancée écrite par Marc Dugain est apparemment assez réussie (il utilise notamment les mémoire de son numéro 2 et amant).

23 janvier 2012

Limonov

Terminé récemment:




A la suite du bouquin de Carrère que j'ai beaucoup aimé, je me suis donc plongé dans deux des livres du dit Limonov. Le premier est un journal, avec de courtes pensées, rêveries, moments de sa vie aux Etats-Unis, notamment lorsqu'il sortait avec la bonne d'un millionnaire et profitait lui même des avantages de celui-ci, mais aussi lorsqu'il occupait des hôtels pourris et insalubres.

Le second retrace deux jours de sa vie à Karkhov, là où il a passé son enfance. Deux jours où, affirme-t-il, sa vie a changé. Trainant avec des bandits et des voyous bien qu'encore très tendre, le jeune Limonov découvre la vie. Bien entendu, ces deux jours sont également un prétexte pour nous raconter toute son enfance.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces deux bouquins. Leur style est très différent mais la grille de lecture offerte dans le bouquin de Carrère est très utile pour se repérer dans le temps et dans les épisodes de sa vie. Mais plus que ça, on est capable de mettre en perspective certains passages grâce à l'analyse de Carrère. Pas que je ne recommande pas ces livres en soi, mais j'ai trouvé que d'avoir lu une "bio" avant rajoute encore du plaisir.

"Vous aimez l’expression 'guerre civile' ? Moi Beaucoup."

"J’aime la folie. Toute ma vie en est l’exemple. Je ne cultive pas la logique mais la jouissance. Mes sensations maladives me procurent du plaisir."

22 janvier 2012

Millé-millé

Vu dans la semaine:


Novice en la matière, n'ayant ni lu les bouquins ni vu la première série de film, j'ai bien accroché à cette version de Fincher. Le film s'ouvre pourtant sur un générique assez laid avec de la musique plus que limite... Heureusement, ce côté tapageur disparaît rapidement du film. Les images sont "belles". On regrettera, comme dans tous les films anglo-saxons où l'action se déroule à l'étranger (cf. The Reader) que les acteurs tentent de s'imposer un accent nordique en anglais des plus bizarres. Passé ces quelques légers inconvénients, le film est une belle réussite. Pas un chef d'oeuvre, mais un bon polar. Le cadre est beau, Craig fait le boulot et le personnage de la jeune et géniale hackeuse asociale et psychologiquement borderline est particulièrement charismatique. On regrette un peu le déroulement linéaire de l'action, dans le sens où le tableau s'éclaircit peu à peu, l'enquête progressant à un rythme régulier et presque mécanique. Sûrement du en partie à l'adaptation d'un livre, obligeant à condenser l'action.

Bref, on a passé un très bon moment, suspense et esthétisme au rendez-vous.

21 janvier 2012

Pas Le Même Délire

L'autre jour nous avons mangé au 155 Rue Cuvier, dans un resto bien sympa appelé "Une Autre Histoire". Alors il n'y a rien à dire sur le rapport qualité/prix, puisque pour 16€ vous aurez un menu entrée/plat/fromage/dessert de bonne qualité. La carte est relativement limitée avec peu de plats pour l'instant, mais les visuels et le goût y sont particulièrement réussis. Je n'ai pas forcément été gâté par mes choix (les grenouilles façon fish'n'chips n'étaient pas top et mes gambas, comme dans 99% des restaurants, étaient plutôt des crevettes mais le plat était réussi) mais malgré cela, c'était tout de même bien bon. Les quantités de chaque plat ne sont pas folles, mais avec les quatre plats, on ne ressort pas avec la faim.


Bref, je recommande pour ceux qui veulent manger dans un cadre agréable, avec de beaux visuels et des plats réussis pour des prix extraordinairement raisonnables pour cette qualité. Le soir où nous y étions, la serveuse était seul en salle, ce qui nous a mis un peu d'attente entre les plats, mais rien d'impardonnable.

16 janvier 2012

Must Read

Je pensais au début simplement faire suivre ce lien sur Facebook. Et puis en fait, il mérite bien plus. Certains ont sûrement vu le lien que j'avais posté de la première partie de l'interview de Thibault de Longeville sur FB. Un énième lien de Ben issu de son site l'Abcdrduson. Rien à foutre, en plus on connait même pas le mec, c'est pas un rappeur.

Si vous aimez le rap, particulièrement le rap français mais pas que, si vous vous intéressez un tant soit peu à l'industrie musicale, alors, je vous en prie, lisez cette interview. Faîtes-vous un bon expresso, pressez-vous un jus frais, servez-vous un fond de rhum ambré ou décapsulez la Chouffe, mais lisez ça au calme, comme un bon petit bouquin. Revon, Pipo, Kevin, Rod, Blumpy, Lucas, Boubou, Pierrot, Swann, Carlo... Les mecs, lisez ce truc. Ca vous rendra, pour ceux qui comme moi sont encore à fond dans le rap, nostalgique d'une époque et vous remplira d'un sentiment de gâchis énorme, mais lisez-le. Il y a des anecdotes superbes (pas des histoires racoleuses hein, des trucs d'artistes) sur IAM, Oxmo, DJ Mehdi, etc... Lisez ce truc les mecs, lisez ce truc. Mettez vous Opéra Puccino et lisez ce truc.

De Time Bomb à Skyrock, des grandes promesses artistiques aux albums bâclés, Thibaut de Longeville revient sur l'explosion, puis la faillite du rap français au tournant des années 2000. Un témoignage à méditer, et un bilan bien amer pour toute une génération.

Si vous trouvez la première partie juste intéressante, attendez de lire la deuxième, elle est tout simplement magique.

13 janvier 2012

Paperboys - ATDI

At The Drive-In se reforme pour quelques dates aux US, ça valait bien un petit son de la semaine. C'est toujours au même endroit.

11 janvier 2012

Sigmund

Vu dernièrement:


"Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie, est soignée par le psychanalyste Carl Jung. Elle devient bientôt sa maîtresse en même temps que sa patiente. Leur relation est révélée lorsque Sabina rentre en contact avec Sigmund Freud..."

A noter la belle performance de Knightley. Le film m'a laissé une impression étrange. Pas un documentaire mais un film bercé par les dialogues entre psychologues (avec le personnage rafraîchissant de Cassel) et a à mon goût un côté un peu aseptisé. Peu d'émotions transpirent du film, même dans la relation entre Sabina et Carl. Sûrement du au fait que celui-ci analyse tout ce qu'il fait et soit tiraillé entre ces désirs et instincts et son rôle de médecin. Bref, je suis ressorti avec un sentiment mitigé. Pas un mauvais moment mais ce film n'est pas spécialement réussi esthétiquement, il ne m'a pas spécialement fait vibrer et les personnages ne sont ni vraiment attachants ni dérangeants. Bref, le genre de film dont on sort sans s'être ennuyé mais sans savoir non plus ce qu'il nous a apporté.

10 janvier 2012

Paperboys - Joyce Muniz


Nouveau son chez les gamins de papier avec une mini-"chronique" du dernier EP de Joyce Muniz. Merci à Mike Chanteperdrix pour la belle découverte. Des bises. C'est par ici que ça se passe..

6 janvier 2012

Sylvestre

Gros merci à Dorian pour un bon petit jour de l'an des familles. La suite en images.



















5 janvier 2012

Lectures

Relu récemment:


Greene vous donne les 48 lois pour acquérir et garder le pouvoir. Si, comme moi, vous n'utilisez pas ce bouquin comme un "How-to", vous pourrez y lire les dizaines d'histoires et anecdotes sur les plus machiavéliques, sournois, malins et puissants personnages que ce monde ait porté. Superbement intéressant. Noter que ce bouquin a eu un retentissement conséquent dans la rue aux US et il était question à un moment que 50 Cents y ajoute 2 nouvelles lois pour une nouvelle édition.


J'adore lire du théâtre en fait. Surtout, ça me donne envie d'en refaire. La fameuse phrase tirée de Huis Clos (même reprise par IAM) m'avait aussi été donné en cours pour illustrer la complexité de la prise de décision collective. J'ai préféré d'ailleurs "Les Mouches" mais en fait je crois que c'est parce que j'aime bien l'ambiance tragédie grecque (genre "tu vas mourir et t'y peux rien et on sera, dans le meilleur des cas, damnés jusqu'à la fin des temps).

Enfin:

« Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement.

C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. »

Parfait résumé de ce super bouquin. Je l'ai dévoré, merci à Pierre & Annie du cadeau de Noël! Du coup, j'ai fait razzia sur Amazon avec quelques bouquins de Limonov, de Carrère mais assi le Moscou-sur-Vodka de Erofeiev. Avant d'enchaîner sur la découverte de Dostoïevski (et oui, rien lu de lui, j'ai hâte). Bref, en mode ruskof. Je recommande grandement en tout cas!