Comment commencer? Juste un petit billet d'opinion, ou quelque chose dans le genre, voire (un peu) d'information sur ce qui se passe en France mais surtout sur la vision qu'en ont les étrangers (ceux que je côtoie). Je n'ai pas fait d'enquête de terrain, juste écouter et regarder autour de moi.
Première chose, je pense que, parmi les quelques lecteurs de ce blog, je fais partie de ceux ayant le plus subi les conséquences des grèves. Vendredi dernier, apprenant en arrivant à Genève que les train vers Lyon ne circulant pas, j'ai du, avec d'autres personnes dans le même cas, crapahuter dans Genève pour louer une voiture et finalement arrivé, crevé, avec 2h de retard à Lyon et 45€ en moins dans la besace. Ce lundi, pour mon retour, aucun train ne me permettant de rejoindre Genève à temps, j'ai conduit jusque Ferney-Voltaire (à la frontière en France, pour éviter de garer ma voiture à l'aéroport de Genève). Rajoutez à cela que la SNCF garde 10% sur le remboursement des billets. Et aussi, cherry on the cake comme personne ne devrait dire, j'ai découvert qu'on m'avait volé mon vélo en arrivant à Dam. Disons donc que j'ai été servi.
D'abord, l'avis des étrangers. Il y a plusieurs cas. Je tombe sur CNN en prenant un café dans le bar de la fac. Les seules images sont celles d'émeutes et de violences, sur fond d'apocalypse sans carburant. Toute la dimension politique et sociale en est retirée. C'est pas comme si c'était surprenant, mais c'est toujours drôle. Il y a donc ceux qui nous prennent pour des révolutionnaires prêts à tout ("si seulement", diront certains). Passons sur ceux-ci qui sont d'un intérêt limité.
Je discute ensuite avec mon prof hollandais, lui décrivant mon périple, l'avertissant des risques qu'il encourt (il assiste à une soutenance de thèse en France) et lui décrivant ce que je sais de la situation. Et là, on a un sentiment très mêlé. Il y a certes l'avis que bloquer un pays de cette façon est une solution extrême et loin d'être idéale. Mais il y a aussi une sorte de respect et de "fascination" (pas dans le sens émerveillé, mais plutôt celui du regard curieux et surpris). Comment puissent-ils être possible que tant de gens qui subissent ces désagréments supportent ce mouvement? D'où vient cette solidarité, quand dans la plupart (tous?) les autres pays d'Europe, les lois passent sans que personne n'y trouve rien à redire? Tout cela pour dire que nous ne sommes pas la risée de l'Europe parce que nous faisons grève.
La retraite par répartition c'est très simple. Si le système veut se maintenir par lui-même (c'est à dire somme des cotisations reçues = somme des pensions versées), il n'y a pas 36 solutions pour faire face à l'évolution démographique du pays qui fait que le nombre d'actifs par rapport à celui des retraités diminue. Augmentation du taux de cotisation, allongement de la durée de cotisation, réduction des pensions. C'est mécanique. Les alternatives résident dans le fait que l'on peut également aller chercher l'argent ailleurs, plus précisément là où il y en a. Par exemple augmenter les taxes sur les revenus du capital et des grandes entreprises ou imposer une surtaxe sur les établissements financiers (vous savez, ceux avec qui l'État partage les coûts, mais beaucoup moins les bénéfices). Un topo simple ici.
Mon avis sur la question... Je pense que d'autres mesures était beaucoup plus injustes et inefficaces que cette réforme des retraites et aurait sans doute plus "mériter" que l'on s'y attaque. Le bouclier fiscal en est le parfait exemple. Il s'agissait d'un simple cadeau fait aux plus riches, étant entendu (une véritable évidence) que les français ayant quitté le territoire pour raison fiscale ne reviendraient pas avec cette loi. Cependant, l'impression permanente qu'avec ce gouvernement, ce sont toujours les mêmes qui trinquent et les mêmes qui ramassent la timbale donne envie de s'opposer. Les alternatives existent. Sarkozy s'était fait le chantre de la refondation du capitalisme financier au G20: qu'il prenne quelques décisions en ce sens.
Bien sûr, ce mouvement n'est désormais plus vraiment celui des retraites, même si cette réforme en a été le déclancheur. C'est une contestation globale du gouvernement (et son équipe de foot ministérielle), la multiplication des affaires, le fait que personne ne bouge, même en présence de condamnation et des politiques sociales et économiques injustes/stupides. Ajoutez à cela une volonté de ne jamais négocier et une stratégie de communication franchement grossière et vous avez la cocotte minute actuelle. Et nous ne parlons même pas ici de la politique du gouvernement en ce qui concerne les sujets plus passionnels que sont l'immigration, l'identité nationale et autres renvoi de Roms.
Je ne pense pas vous avoir appris grand chose par ce billet (à part le fait que je n'ai plus de vélo). Certains d'entre vous se sont sûrement bien plus renseigné que moi sur la question. Juste ma perception du problème et ma façon de voir les choses.
1 commentaire:
Merci pour cet article qui nous permet d'en savoir un peu plus sur ce qui se passe en France ! Comment dire que, pour une fois, on est contents d'être loin !
Sorry pour ton vélo en tout cas...
Bizz
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