C'est Noël, Papa Noyel vous a gâté, vous avez le bide bien remplie de bonnes choses, vous avez pris quelques jours de vacances et vous en profitez pour taper des records de grasse mats. Bref, tout va bien. Sauf que vous aimeriez bien être chatouillé un peu, vous sentir un petit peu peu vénère. Un petit peu de moutarde qui vous monte au nez. Quoi de mieux pour cela que de regarder un documentaire sur la Françafrique!
La base pour ceux qui s'intéressent au phénomène. On part d'une idée simple: au lendemain des indépendances africaines, le bon vieux Général veut assurer à la France une sécurité énergétique. Qui dit sécurité énergétique dit investissements lourds des compagnies françaises en Afrique. Et afin de réaliser ces investissements sans risque, ces compagnies ont besoin de stabilité politique. C'est sous ce couvert que la France va faire et défaire à son gré les différents régimes politiques de son pré carré africain, avec pour centre névralgique le Gabon d'Omar Bongo.
Le documentaire, diffusé dans Infrarouges sur France 2 en octobre, se divise en deux parties. Alors que la première s'intéresse à l'après guerre et la mise en place des réseaux de Focard, la seconde nous montre comment les rapports de force évoluent après la chute du mur (rendant obsolète la mission donnée à la France par l'Occident de stabiliser la région) et l'éclosion de l'affaire Elf. Les réseaux préférentiels français sont moins prégnants et les chefs d'Etat Africains, même les plus fidèles et redevables, n'hésitent plus à faire jouer la concurrence internationale dans les investissements énergétiques.
Comme je l'ai dit, ce documentaire, basé sur un an d'enquête et contenant des interventions de personnages impliqués dans le système qui, à part quand il s'agit des plus basses œuvres, parlent de manière tout à fait décontractée, brosse une belle introduction au sujet. Il insiste cependant beaucoup sur l'enrichissement économique des compagnies énergétiques et les contrats gagnés par la France, et un peu moins sur l'enrichissement personnel ayant cours pour les nombreux intermédiaires du système. A ce propos, l'ouvrage de François-Xavier Verschave, "La Françafrique", brosse un tableau encore moins reluisant où nombres d'élus français entretiennent un train de vie dispendieux uniquement en tant que porte-valises ou intermédiaires plus ou moins utiles.
Bien entendu, ni gauche ni droite, aussi forte soit l'auto-proclamation de propreté et d'attachement aux droits de l'homme, ne fera quoi que ce soit pour faire évoluer ce système. Il en va sans doute de l'intérêt suprême de la France. Comme en commerce international, c'est toujours faîtes ce que je dis, pas ce que je fais: nous demandons l'ouverture des pays émergents à la concurrence pour les produits où nous sommes de forts exportateurs, puis n'acceptons pas qu'ils puissent eux exporter leurs produits chez nous en protégeant de manière outrageuse l'agriculture européenne. Bref, vous voilà maintenant avec le nez qui pique. Et ce n'est pas plus mal.
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